par P. Michaille, CIQVNL@orange.fr
Le compteur Linky est-il vraiment indispensable à la transition énergétique ? ERDF (ou plutôt « ENEDIS » depuis le 30 mai) s’appuie sur la directive européenne 2009/72/CE qui prévoit que 80 % des compteurs devront être communicants d’ici à 2020 [16]. Ceci a été traduit dans la loi de transition énergétique par la nécessité de mettre en place des « réseaux intelligents », dont le compteur communiquant Linky est la brique élémentaire. Or on ne parle pas de Linky dans la loi (texte Légifrance : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2015/8/17/2015-992/jo/texte), seulement de « réseaux intelligents » (1, 2)
D’ailleurs, pourquoi réseau « intelligent » (3) ? En fait, il s’agit de faire du réseau de distribution un réseau maillé, tout comme l’est déjà le réseau de transport géré par RTE, à partir du moment où le réseau de distribution ne comporte plus uniquement des puits (les consommateurs) mais aussi des sources (photovoltaïques individuelles, éoliennes communales, …).
Mais pour équilibrer, à tout instant, production et consommation, ce que requiert l’électricité, a-t-on besoin d’une maille si fine qu’elle descende au niveau de l’habitation ? Cela n’a jamais été le cas, et le bon sens induit vers une granulométrie comparable à celle du réseau des postes de transformation HT/BT de quartier, qui regroupent en moyenne 50 logements, soit une puissance moyenne qu’on peut estimer à #100-200 kW, et qui sont prévus de servir d’émetteurs de données de production / consommation collectées depuis les Linky, par ondes GSM vers les services de traitement de données.
C’est ce qu’a confirmé le congrès Eurelectric qui s’est tenu à Vilnius début juin [http://www.euractiv.fr/section/energie/news/smart-meters-not-needed-after-all-for-european-power-grid /
par : Elza Holmstedt Pell | EurActiv.com | Traduit par: Marion Candau 16 juin 2016 ] :
« Il existe d’autres moyens plus efficaces que les compteurs intelligents pour développer des réseaux électriques intelligents, ont déclaré des délégués de l’industrie … Ce constat risque d’embarrasser la Commission, tout comme ERDF et son compteur Linky en France ! »
Si ce sont les lobbyistes eux-mêmes qui le disent, après avoir poussé l’Italie (32 millions de compteurs installés par ENEL entre 2000 et 2005) et la Grande-Bretagne à s’équiper !…
A force d’approximations verbales, on développe en France le sentiment de manipulation, source de contestation !
(1) LTE, Article 176 ; Art. L. 141-2 du code de l’énergie : la loi a pour but de « favoriser notamment la production locale d’énergie, le développement des réseaux intelligents et l’autoproduction »
(2) LTE, Article 200 : Dans les conditions prévues à l’article 38 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à prendre par voie d’ordonnances les mesures relevant du domaine de la loi nécessaires pour mener à bien un déploiement expérimental de réseaux électriques intelligents ou de dispositifs de gestion optimisée de stockage et de transformation des énergies… Dans le cadre de ce déploiement expérimental, la Commission de régulation de l’énergie approuve les règles particulières relatives aux conditions d’accès aux réseaux et à leur utilisation.
(3) Laissons l’intelligence là où elle devrait être – dans la tête de nos enfants – et n’appelons pas « intelligents » de simples automates !
2 réponses à “Linky n’est pas indispensable à la transition énergétique !”
Bonjour,
Pour faire simple sur ce sujet (au niveau du néophyte que je suis), je constate globalement 3 choses qui ressortent des très nombreux débats sur Linky actuellement ouverts sur internet et largement relayés par de grands médias :
1°) ENEDIS, ex-ERDF, argumente l’intérêt du changement des compteurs actuels par des réductions de coûts, une optimisation de la gestion des réseaux de distribution de l’électricité (les fameux «réseaux intelligents»), et par conséquence une démarche s’inscrivant dans le « Développement Durable » ; donc une décision de stratégie pour son développement économique.
En soi, cet argument est recevable même si d’autres solutions sont possibles. Certes, il y a sans doute derrière ce choix (la pose de Linky) des décisions politico-industrielles, des actions de certains lobbies, etc, mais c’est avant-tout le choix stratégique d’un grand groupe industriel dont l’intérêt ne pourra être jugé qu’après avoir été mis en oeuvre, et les réductions des coûts et l’efficacité dans la gestion du réseau vérifiés à postériori.
Quelque soit le choix technique et stratégique du groupe, il y aurait eu des « Pour » et des « Contre ».
2°) Les opposants à Linky annoncent des risques pour la santé en raison d’ondes électromagnétique néfastes.
Difficile d’être fixé sur ces risques car il y a autant d’éminents spécialistes et scientifiques d’un côté que de l’autre qui affirment, mesures à l’appui, que Linky est potentiellement dangereux ou ne l’est pas du tout !…
3°) Tous ces débats s’ouvrent sur de fortes suspicions que ENEDIS (ex-ERDF) donnerait sciemment des informations fausses et cacherait les réelles motivations et intérêts que représente le changement des compteurs actuels (intrusion dans la vie privée, incitation à l’augmentation de consommation, augmentation cachée des tarifs de l’électricité, etc…), ainsi que sur les couts réels engendrés par ces remplacements de compteurs et sur les économies escomptées qui seraient faux…
C’est un argument classique qui est devenu récurrent, mais qui n’est pas forcément faux. Les nombreuses enquêtes journalistiques (ex. l’émission Cash-Investigation animée par Elyse Lucet nous prouve régulièrement que nombre d’industriels, de politiques et autres acteurs économiques n’hésitent malheureusement pas à mentir ouvertement et mettre la santé de la population en danger pour de simples intérêts financiers).
Bref, encore un sujet qui entretien une nébulosité peu propice à y voir clair !
Bonjour Citoyen-Venelleois (sic), je pense que vous avez bien compris les enjeux.
1) Si le compteur individuel n’est pas indispensable au « développement durable » (tarte à la crème dans laquelle les industriels mettent tout et son contraire !), par contre ce qui est en cours c’est le télérelevé des consommations; c’est ce qui se fait aussi pour l’eau et le gaz, et il faut donc descendre au niveau individuel, si on veut inciter le consommateur à réduire la consommation d’énergie et d’eau.
2) Pour ce qui est des questions de santé, je pense qu’on évolue d’un concept « c’est la dose qui fait le poison » à un concept » c’est la répétition des faibles doses qui provoque des dérèglements cancérigènes ». Je ne suis pas sûr qu’on arrivera à prouver scientifiquement que les faibles doses ont une influence qui puisse être distinguée, par des études épidémiologiques, du bruit de fond statistique. Mais ça vaut la peine de pousser la recherche dans ce sens compte tenu de l’invasion brutale (depuis le début du siècle) des ondes électromagnétiques dans notre quotidien, en plus de la pollution chimique. Ce qui n’est pas la même chose que de dire : il y a autant de médecins qui sont pour que d’autres qui sont contre …
3) Je ne suis pas persuadé que les ingénieurs d’ENEDIS mentent, pas plus que Elyse Lucet quand elle s’intéresse aux 97% de produits faiblement contaminés par des produits chimiques en négligeant les 3% qui sont carrément hors normes ! C’est l’air du temps de faire du buzz (de la bouse !) pour se mettre en valeur en éclaboussant son entourage… Simplement, ils ont voulu faire les fanfarons en survendant leur produit, annonçant des possibilités « d’intelligence » sans même réfléchir que les plus âgés (et plus expérimentés) n’y voyaient que Big Brother sous les traits de Smart Brother ! La réaction dubitative – voire hostile – qu’ils ont créée montrent qu’ils n’ont rien intégré, en termes de retour d’expérience, de la catastrophe qu’a représenté la communication étatique au moment de l’accident de Tchernobyl, en répondant à côté des questions posées par la population : 30 ans après, il serait bon qu’un rappel soit fait dans les cours de communication !