La nouvelle usine de traitement des déchets urbains de Marseille


Vous rappelez-vous la décharge en plein air de la Crau, ouverte depuis un siècle, avec des sacs plastiques qui s’envolent dès que le mistral souffle ?
Ce scandale de pollution est désormais terminé : la Communauté urbaine de Marseille-Provence-Métropole a désormais ouvert l’usine de traitement de déchets ménagers la plus moderne de France !
Le groupe de l’URIS-Provence (Union régionale des ingénieurs et scientifiques) était invité le 15 novembre à visiter EveRé, le centre de traitement multifilière de déchets ménagers situé dans la zone industrielle de Fos sur Mer.

410.000 tonnes de déchets traités par an ! Eh oui, c’est ce que produit une agglomération de 1,2 millions d’habitants (350 kg par an et par habitant, en moyenne). Heureusement, ces quantités arrivent principalement par train, 2 trains de 30 wagons de 15 tonnes par jour, ce qui évite autant de camions. Les bennes sont versées dans 3 fosses : une de 10.000 m3, deux de 16.000 m3.

Le biodégradable est composté, le combustible incinéré, les métaux et plastiques sont recyclés.

Les métaux ferreux sont séparés par tri magnétique, les non ferreux (aluminium) par tri inductif (courants de Foucault), et les plastiques sont séparés d’après leur forme (plat / creux) par tri balistique, et d’après leur composition (PEHD, PETC, PETF) par tri optique. 5000 tonnes par an sont compactés et expédiés dans des filières de recyclage.

La matière organique est valorisée par méthanisation sous forme d’énergie et de compost.

Les tubes de méthanisation – ou digesteurs – (V. photo) font 48 m de long et 4 m de diamètre. Ils tournent lentement : un tour par minute, en produisant une fermentation anaérobie par dégradation bactérienne. Le biogaz, produit après un séjour de 3 semaines, sert à produire du chauffage et de l’électricité. Le digestat est transformé en compost.

Pour le compost, on ajoute de l’écorce d’arbre, qui a des propriétés structurantes. Le retournement du compost est réalisé une fois par semaine. On en produit 30.000 tonnes/an, qui servent à réhabiliter les sites d’entreposage.

L’incinération est réalisée en 2 lignes de 20 tonnes/h. Un lessivage par de l’eau permet de traiter les fumées. Les eaux sont réutilisées sur place : il n’y a pas de rejet. Les molécules de NOx sont cassées par catalyse. Les rejets sont analysés en ligne pour détecter les traces de dioxines et de furanes.
Les jus servent à ensemencer le compostage. Les eaux pluviales sont récupérées pour faire du lait de chaux.

Les mâchefers servent à construire des routes, et à fabriquer du ciment.

L’ensemble des procédés est enfermé dans des bâtiments étanches et ventilés. L’air est filtré à la sortie par une couche de 3m d’écorce.

Les lignes sont doublées pour faire face à un arrêt, pour cause de maintenance préventive ou corrective. En effet l’installation fonctionne 24h/24, 7j/7, et tous les jours de l’année.

La méthanisation permet de produire 13 GWh par an, rachetés 15 c€/kWh (tarif subventionné, qui se justifie par le non rejet de méthane dans l’atmosphère, car c’est un gaz à effet de serre 23 fois plus puissant que le CO2).
L’incinération permet de produire 170 GWh par an, rachetés 3 c€/kWh (le prix du marché en France).

A l’instar des installations nucléaires suivies par des Commissions Locales d’Information, le centre d’EveRé (risques Seveso) est suivi par une CLIS. Les résultats des analyses de surveillance de l’environnement sont publiés sur www.evere.fr. Pour visiter, écrire à contact@evere.fr.


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